Monthly Archives: novembre 2019

Les oghams, ou les paysages d’une écriture à ciel ouvert

Les oghams, ou les paysages d’une écriture à ciel ouvert

nous avons le plaisir de publier dans le numéro 80 (octobre 2019) de la revue Graphê un article consacré aux pierres oghamiques en Irlande. Ces pierres présentent une écriture  sculptée. Elles constituent un support à des messages écrits et sont en elles-mêmes une écriture dans le paysage. On les rencontre en marchant dans les champs, ou en parcourant des sites archéologiques bien repérés. L’origine de cette écriture comme son étymologie demeure assez mystérieuse bien que  nous puissions transcoder cette écriture dans notre alphabet.
Dans la série photographique qui accompagne l’article,  chaque pierre est associée au paysage qui l’entoure, chaque paysage représente en somme le point de vue de la pierre. Les images sont parfois associées à des « frotographies », relevés de l’inscription sur du papier par contact à même la surface minérale. L’écriture gravée, revient alors sur le papier par une trace fragile.
texte Corinne Feïss-Jehel (EPHE,PSL Université Paris) et Pierre-Jérôme Jehel,  (Gobelins, l’école de l’image)

exposition à Dinard, « Une traversée des apparences »

quelques vues de l’exposition « Une traversée des apparences » pour les Journées Nationales de l’architecture à la villa Les Roches Brunes de Dinard
un bow window transformé en Camera obscura et quelques installations et jeux de transparences et adaptées à ce lieu stupéfiant plongeant sur l’océan …
https://www.fisheyemagazine.fr/agenda/une-traversee-des-apparences/

« Nous tâchons de saisir ce qui existe derrière les choses, n’est-ce pas ? »
Virginia Woolf, La Traversée des apparences

L’exposition propose une vision personnelle et subjective de quelques sites emblématiques de la ville de Dinard.
Tout d’abord, la photographie comme outil de mémoire. Ces images captées à un instant donné sont autant de témoignages d’un état qui va disparaître. Les photographies s’inscrivent ici dans une logique d’archive pour le futur. Le photographe est ainsi motivé par l’idée de mémoriser ce qui va disparaître, de repérer les lieux, les situations, les espaces en transition. La photographie de chantier s’inscrit dans cette démarche. Le chantier est un lieu en cours, un espace où les objets ne sont pas définitivement disposés. Le temps du chantier est à la fois celui d’un moment fugace et d’une situation exceptionnelle. Il est un moment où notre perception de lieux connus est perturbée et donc révèle de nouvelles dimensions.
Une esthétique se construit et prend d’autant plus de force qu’elle enregistre un état instable qui va disparaître et constitue la promesse d’un nouvel état amélioré et stabilisé.
L’autre approche consiste à réfléchir sur le point de vue. La photographie n’est pas un enregistrement inerte, même dans les tentatives les plus «objectives» du photographe. La proposition est ici de donner à voir des espaces hors champ, des éléments d’un lieu qui ne sont pas ou plus donnés au regard. Le photographe est alors une sorte d’explorateur, il se glisse dans les endroits difficiles d’accès, il révèle des lieux oubliés ou abandonnés, il donne à voir des espaces de l’ombre.
En ce sens, cette exposition propose à la fois une réflexion sensible sur nos perceptions de l’espace, de l’architecture, de notre mémoire et de notre regard, mais aussi sur la photographie elle-même.